Écrire un conte de fées : la recette magique enfin dévoilée

Les contes de fées sont entourés de mystères. Pour vous, nous levons le voile sur les ingrédients et les secrets de fabrication qui font la magie de la recette des contes pour enfants. Pour concocter un conte merveilleux, il faut bien sûr un soupçon d’inspiration, un zeste de féerie, mais aussi un brin de techniques. Le récit merveilleux est à la fois inventif et structuré. Mais avant tout, mettez-y votre cœur. Les contes sont nos doudous, nos amis imaginaires. 

Les contes "contiennent des mots qui nous enveloppent, nous caressent et nous serrent dans une amicale clarté".
"Ils nous proposent des associations qui nous illuminent dans une limpide atmosphère et nous déposent, plus apaisés, aux confins de l'imaginaire et du réel."
Jacques Salomé
Psychosociologue et écrivain

Inventer un conte de fées : les ingrédients indispensables

Préparez la base du conte merveilleux en créant un monde imaginaire

Un conte de fées réussi, c’est un cadre spatio-temporel imprécis. Nul besoin de délimiter les contours de votre récit imaginaire. Oubliez l’unité de temps et l’unité de lieu. Au contraire, savourez cette liberté narrative et laissez infuser votre imagination.

Pour notre recette, une époque indéterminée dans le passé sera parfaite. Et hop, nous voilà hors du temps ! Si toutefois vous manquiez d’inspiration, rappelez-vous les formules traditionnelles toutes prêtes : il était une fois, autrefois, il y a bien longtemps…

Complétez ensuite votre base en y ajoutant quelques lieux. Faites voyager votre lecteur. Emmenez-le nulle part ou ailleurs, dans une contrée fictive lointaine de votre choix. Glissez-y des repères familiers : un village, une maison ou une chaumière, un château ou un palais, une forêt, une rivière ou une fontaine…

Parsemez votre conte merveilleux d’endroits clos et d’espaces ouverts, tantôt enchantés, tantôt terrifiants. Les lieux sont synonymes d’aventures ou de mésaventures : vastes étendues à traverser, terrains hostiles à affronter… Les personnages s’y cachent ou s’en échappent. Un lieu peut aussi témoigner d’un drame familial ou marquer le début d’une nouvelle vie.

Notre astuce : trois lieux symboliques rythment les contes pour enfants (le lieu de départ, le lieu de passage et le lieu d’arrivée). Chaque endroit peut être vu avec un regard différent.

Voici quelques exemples :

  • La maison : un foyer protecteur, une cachette / une prison, un piège.
  • La forêt : un espace d’égarement, menaçant et dangereux / un refuge pour s’abriter / un chemin pour parcourir le vaste monde.
  • Le château : un lieu de réussite, synonyme de fortune et d’amour / un endroit maléfique où règne la terreur.

Panachez les personnages imaginaires : héros, créatures fantastiques…

Un conte de fées sans héros ? Impossible, ce sont les éléments clés de notre recette magique. En tant que personnages principaux, les héros et héroïnes se définissent par leurs aventures. Pour cette étape, vous pouvez choisir des enfants ou des adolescents auxquels le lecteur peut facilement s’identifier. Ou bien des personnages stéréotypés comme les princes et les princesses.

Les protagonistes s’élaborent à partir de leurs caractéristiques physiques ou morales, leur situation familiale, leur place dans la société… Vous pouvez ajouter un ingrédient universel : une famille complexe. Les relations entre générations ou au sein des fratries révèlent des rivalités ou une solidarité. Arrosez le héros d’une quête de reconnaissance ou de destin. Et surtout, n’oubliez pas la poignée de gentils et la pincée de méchants ! Ce sont les ingrédients indispensables au succès de la recette.

Pour enrichir la préparation, nous vous recommandons des ingrédients mystères. Tantôt diaboliques et tyranniques, tantôt sympathiques et altruistes, les créatures fantastiques sont les secrets d’une recette réussie. Soyez généreux, d’autant qu’il en existe une ribambelle : des êtres merveilleux (sirènes, elfes…) aux créatures magiques (fées, sorcières, magiciens ou enchanteurs), en passant par les êtres surnaturels (ogres, trolls ou gobelins)… sans oublier les géants, nains, lutins et compagnie !

Et pourquoi ne pas incorporer quelques animaux fabuleux, comme les licornes ou les dragons ? Certains sont des messagers ou des conseillers prêts à tout pour aider le héros. D’autres sont affreux et cruels, ou bien puissants et effrayants. Les héros doivent alors les combattre. Vous pouvez aussi intégrer des animaux au comportement humain ou des humains métamorphosés en animaux. Les possibilités de mélanges sont infinies !

Aromatisez votre conte merveilleux d’objets et de pouvoirs magiques

Assaisonnez votre conte de fées grâce aux objets magiques : grimoires, parchemins, talismans ou amulettes. Vous n’en avez pas sous la main ? Ensorcelez des objets du quotidien : lampe, miroir, chapeau, balai… Ils prendront vie comme par enchantement. Complices ou maléfiques, les objets magiques ont une âme. Ils contiennent aussi une bonne dose de pouvoirs : invisibilité, métamorphose, apparition, disparition… Les philtres magiques, quant à eux, parfument votre conte merveilleux d’une saveur surnaturelle. À déguster sans modération !

Notre secret : pour accélérer l’action du récit merveilleux, mijotez d’abord deux litres de potion dans un chaudron. Puis, versez cinq gouttes d’élixir prodigieux. Enfin, saupoudrez dix grammes de poussière de fées. Le tour est joué !

Un conte merveilleux se déguste épicé. Les pouvoirs magiques relèvent la recette. Alors, jetez des sorts ! Le conteur doit avoir dans sa cuisine une tonne de sortilèges. Invocations, incantations, prédictions, malédictions : autant de formules magiques dignes des plus grandes prophéties. Mettez vos héros au défi : testez leur amour, leur vertu, leur courage… Envoûter, transformer, pétrifier, statufier, charmer, subjuguer ! Magie ou sorcellerie : à vous de choisir à quelle sauce seront mangés vos personnages…

Le conte de fées n’a désormais presque plus de secrets pour vous. Maintenant que vous connaissez tous les ingrédients, place aux techniques de fabrication.

Créer un conte de fées : les techniques de fabrication

D’abord, plantez le décor de votre récit imaginaire

Commencez votre conte de fées par une formule d’ouverture pour présenter le cadre spatio-temporel. Comme nous l’avons expliqué, ne soyez pas trop précis à ce stade de la recette. Choisissez simplement votre ustensile de départ : tournure traditionnelle ou expression originale.

Vous pouvez maintenant introduire les personnages et leur environnement. Façonnez votre monde imaginaire en décrivant son décor, ses habitants, les animaux… Ajoutez quelques cuillérées de détails. Pétrissez l’ensemble. La situation initiale de votre récit est désormais bien équilibrée, juste ce qu’il faut. Les effluves narratifs feront le reste. Vous sentez, vous aussi, ces arômes qui imprègnent le lecteur et le plongent dans votre univers ?

La recette est pour l’instant assez simple, compliquons-la un peu ! Rajoutez un élément déclencheur, l’imprévu qui va perturber l’équilibre de votre récit. Tout est soudainement chamboulé. Les personnages sont bouleversés, ils doivent faire un choix. Donnez maintenant forme à l’intrigue. Les protagonistes partent en quête d’amour, de richesse, de paix… Ils ont désormais un objectif, une mission à remplir.

La base de votre préparation est désormais prête. Passons à la suite : le cœur du récit merveilleux.

Puis, aventurez-vous dans les méandres du conte merveilleux

Après avoir laissé reposer la base de votre conte de fées, il est temps d’élaborer sa garniture. Pour cela, déroulez la pelote des péripéties : aventures, épreuves, obstacles, menaces… Ce sont les nœuds de l’intrigue que les héros devront démêler au fil de l’histoire.

Voici quelques idées :

  • La différence sociale, un premier obstacle : le héros est appauvri, exploité, humilié.
  • La remise en cause du statut, voire de l’existence même, du personnage.
  • La peur et le danger : le personnage est séquestré, menacé.
  • La séparation, la maladie ou la mort d’un proche, des souffrances universelles.
  • La recherche de l’amour et ses risques à prendre.
  • La quête du bonheur, un parcours semé d’embuches.
  • La tentation et la punition, des épreuves de choix.

Pour obtenir une garniture savoureuse, ponctuez votre récit imaginaire d’événements invraisemblables ou de combats épiques. Au travers des voyages et conquêtes, les héros trouvent un sens à leur vie. Sur le chemin de leurs aventures, les personnages tracent leur voie. Ils partent à la recherche de leur identité, puis grandissent en route. Leur périple s’accompagne de changements, voire d’une véritable transformation. Ce rite de passage apporte aux protagonistes maturité et sagesse.

Une fois les actions enchaînées, dressez l’épreuve ultime, l’événement qui mettra un terme aux aventures du héros. Résultat : vous rétablissez l’équilibre de votre récit.

Enfin, faites triompher le bonheur !

Clôturez votre conte de fées en beauté avec une cuisson moelleuse à souhait. Optez pour une fin heureuse (de préférence). Enrobez généreusement de bonheur, d’amour et de gloire. Après l’effort, le réconfort ! Un adage fort apprécié de tous, y compris des héros les plus vaillants. Pour eux, la fin du conte merveilleux est le début d’une nouvelle vie idyllique bien méritée, marquée par un retour à la stabilité. Sécurité et quiétude sont ainsi retrouvées.

Le dénouement du récit merveilleux est aussi l’occasion de placer la cerise sur le gâteau. Grâce au dépassement de soi, le héros et à travers lui, le lecteur, en ressort grandi. La chute du récit est l’issue du cheminement des personnages. Le rôle des contes pour enfants consiste aussi à enseigner la vie réelle : dépasser ses peurs et surmonter les épreuves pour apprendre à vivre ensemble, en harmonie.

Les contes merveilleux sont bien plus que de simples histoires. Saviez-vous que parmi leurs multiples vertus, les contes guérissent les blessures des petits et des grands ?